Erable Sycomore - un premier empotage
Cette histoire commence en 2022, nous étions en train de nettoyer le jardin avec ma femme, lorsqu’elle est arrivée en riant avec un minuscule début d’érable qu’elle avait déraciné en enlevant des mauvaises herbes.
« Tiens : un arbre ! »
Avant cela je n’avais que quelques malheureuses boutures de saule (tiens, encore une histoire qui commençait), prélevées en bordure d’un terrain de foot, qui avaient passé l’hiver et semblaient se porter bien. J’ai pris le petit érable, j’ai récupéré un peu de terre du jardin (« méga-qualité » : bien limoneuse), je l’ai mélangée avec du terreau, et j’ai mis le tout en pot. (Avec l’arbre, hein!)
A cette époque je n’avait tellement pas l’intention d’aller plus loin que je n’ai même pas une petite photo à montrer. Je vais juste prendre une photo d’un des nombreux érables du même genre que j’ai récupérés entretemps, et la coller ici pour vous donner une idée.
Pour une question de rigueur scientifique, je me dois de mentionner que ceci s’est peut-être bien passé en 2021, sans qu’il ne se soit passé grand-chose entretemps. Mais pas de preuve, pas d’affirmation.
Cet érable a longtemps trainé à l’abris, au nord de la maison, passant la plus grande partie du temps sur une petite table en plastique que mes enfants avaient abandonnée. Il profitait ainsi du soleil la plus grand partie du temps.
Pendant ce temps, mon intérêt pour les bonsaïs commençait à revenir. J’avais fait brûler ma première tentative sous le soleil alors que j’avais à peine 18 ans, et je n’avais jamais retenté l’expérience. Je me souvenais pourtant d’un ex-collègue qui pratiquait cet art et qui me disait que la plupart des arbres pouvaient faire des bonsaïs très décents avec les soins appropriés, et que c’était une bonne idée de privilégier les essences locales. Plus local qu’une pousse de mon jardin ? C’est à peine possible ! J’ai donc commencé à me réintéresser au sujet.
La première observation était qu’après tout un bonsaï est un arbre qui a grandi en milieu contraint (peu d’alimentation, un terrain difficile et des obstacles) et ma première action pour forcer mon érable qui avait déjà bien grandi en ce sens… fut de poser une pierre bleue sur le pot, en laissant juste la place pour que la tige passe en dessous. Le temps ferait le reste.
Pas très conventionnel, mais efficace !
Nous étions alors en 2023. Je ne peux pas placer les actions ci-dessus dans le temps, mais la première photo qui atteste d’une chronologie, a été prise le 1er septembre 2023, et la pierre avait déjà fait son oeuvre.
Pour vous donner une idée de ce par quoi tout a commencé, j’ai mis ci-dessous la photo avec mes quelques sujets du début. Les pousses de saule avaient déjà bien grandi (en première ligne, à droite), de mes premiers yamadoris (ici : Le yamadori d’à côté – Mon frêne )est visible à gauche, et l’érable avec sa pierre, à l’arrière.
La plupart de mon matériel était de la récupération, et c’était un peu piteux, mais toute histoire commence quelque part…
Durant l’année 2023, j’avais acheté un pot à bonsai beige, ovale, et j’ai placé ce premier arbre dedans. J’ai commencé avec un substrat principalement constitué de terreau, auquel j’avais ajouté de la pierre ponce et de la pouzzolane. Comme ça, à l’arrache. Il est ensuite resté sur une petite table, toujours à l’abri du mur nord. Cette année a été chaude et sèche, et à cet endroit il avait de la chaleur, de la lumière, mais de l’ombre aux heures les plus chaudes. Je ne sais pas exactement quand j’ai effectué ce premier rempotage, mais c’était en automne.
C’est cet hiver que nous avons installé la serre, et j’y ai placé mon érable jusqu’au printemps. A ce moment, il est retourné dehors, sur la table du jardin. J’ai juste procédé à une taille d’entretien à la fin du printemps, afin d’éliminer les plus grandes feuilles. Pour le reste : engrais, tranquillité, repos… et beaucoup de pluie. Il a tout de même bien poussé, tout en faisant peu de branches latérales.
Mais il est temps d’en venir au point important de cet article. Fin 2024, au cours de l’hiver, j’ai taillé l’érable de manière importante. J’ai rabattu toute la partie supérieure en espérant reconstruire plus tard sur base des branches qui apparaitront.
Ici, vous pouvez le voir juste avant le rempotage. Il n’a bien sûr pas beaucoup évolué pendant l’hiver.
La première étape a été de dépoter l’arbre, on peut voir que le racinaire est très riche et la motte très compacte (c’es d’ailleurs pour cela que je rempotais, l’eau d’arrosage avait du mal à passer.
Après avoir délicatement sorti la motte (en fait elle est sortie toute seule) je suis passé à la griffe et à la baguette pour enlever le maximum de l’ancien substrat.
Une fois les racines dégagées, il est temps d’observer et d’améliore. L’arbre étant encore très jeune, et néanmoins avec de nombreuses racines, j’ai éliminé une bonne moitié de celles-ci, en veillant à avoir une base large et peu profond.
Les racines étaient naturellement disposées en deux plateaux. Je les montres sur la photo ci-bas à gauche (on voit le début du tronc en haut à gauche) et j’ai identifié en rouge le départ du plateau inférieur. De cette grosse racine pivot partait beaucoup de petites racines, mais il y avait également un nombre important de racines au plateau supérieur.
J’ai donc coupé sur le trait indiqué par le triangle jaune. Ceci fait, le plateau supérieur était encore bien garni, mais plus plat et encore très étalé. Vous voyez le résultat sur la partie du milieu, et à droite, beaucoup de racines qui ont été supprimées.
En prévision du rempotage, j’avais déjà préparé le matériel. D’abord j’ai composé mon mélange d’akadama et de zeolithe.
J’ai ensuite préparé le pot: une petite grille pour couvrir les trous de drainage, deux brins de fil de ligature pour fixer l’arbre, et de la grosse pumice pour faire une base drainante.
Les outils sont prêts également : pince à jin (également très pratique pour manipuler les fils), pince coupe-fil et un morceau de chambre à air pour protéger l’endroit de la fixation… On fait avec ce qu’on a sous la main!
Enfin, refaire un petit monticule du substrat de moyenne granularité, et placer l’arbre par-dessus. J’ai fait attention à bien étaler les racines supérieures. Je fixe, sans trop serrer, l’arbre avec un morceau de chambre à air pour éviter de le blesser, grâce aux brins de fils qui avaient été placés auparavant.
Je finis ensuite de remplir le pot avec le substrat préparé ci-dessus, en veillant à ne pas laisser de poches d’air entre les racines. J’ai aussi recouvert les racines de surface, pour les protéger et les maintenir irriguées le temps qu’elles se renforcent. Une fois l’arbre en place, et le substrat ajouté, je redonne un tour ou deux sur la fixation afin de bien tenir l’arbre en place.
Enfin je place un peu de mousse de sphaigne, pour garder la surface humide durant la reprise.
Après cela, un bon coup d’arrosage pour favoriser la reprisee, puis petit séjour à l’abri du vent, température constante et en évitant trop de soleil durant quelques semaines.
J’ai rempoté ce bonsaï le 4 mars 2025. C’est la période idéale, car les arbres vont sortir de la dormance de l’hiver, et je serai vite fixé sur sa bonne reprise. C’est à ce moment que les premières chaleurs vont provoquer le réveil et la remontée de sève.
Je dois donc veiller à garder mon arbre suffisamment humide, sans l’arroser à tout bout de champ. La couleur de l’akadama aide beaucoup à cela. Ce printemps est particulièment sec et donc cet aspect est important.
Au moment ou j’écris ces lignes, 6 semaines après ce rempotage, j’ai commencé à remettre de l’engrais léger (et bio). Les premières feuilles sont apparues et la saison commence bien. Au programme : on laisse pousser. Au milieu du printemps je ferait un petit rafraichissement en diminuant la taille des feuilles, peut-être du ligaturâge, mais je compte laisser tiger et veiller à l’engraissage pour favoriser le grossissement du tronc.
La petite photo ci-dessous pour terminer…
Trouvez les passionnés autour de chez vous
Je me devais de terminer cet article par un petit conseil. Le bonsaï par internet, quand on a rien, ça permet de se lancer et de trouver les premiers conseils. Mais renseignez-vous pour trouver les clubs et boutiques près de chez vous.
Vous y rencontrerez des passionnés plus expérimentés qui pourront vous conseiller. J’ai la chance d’avoir près de chez moi une boutique dédiée au bonsaï depuis l’année dernière. Bruno, le propriétaire, donne régulièrement des formations de taille et rempotage. Il n’est pas non plus avare en conseil pour toute question que l’on peut se poser.
Bonne recherche !
(Si vous habitez en Belgique, et plus particulièrement dans le coin d’Ottignies, je mets le lien vers le site à droite
Ligne du temps
2022 ? 2021 ?
- récupéré et mis en pot : pousse d’une quinzaine de cm du jardin
Hiver 2022-2023
- laissé en pot au nord, protégé par un mur sud
2023
- 1 septembre 2023 – pot de culture, pierre sur la tige
- Mise en pot plat avant 25 novembre
Hiver 2023-2024
- 25/11/2023 : pot plat dans la serre
- retour en extérieur au printemps
2024
- fin d’hiver en serre
- mars : plein soleil sous le saule, engrais, forte croissance
- une taille légère pendant l’année : grandes feuilles
Hiver 2024-2025
- Rabattage sévère pendant l’hiver (avant le retour en serre)
2025
- mars 2025 : rempotage (akadama/zeolithe) => photos
- retour extérieur fin mars
- 15 avril : photo de la reprise
